Clos-masure, chaumière longère du Pays de Caux

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Les paysages du pays de Caux sont ceux d’un plateau. La Manche a découpé son passage dans ce plateau calcaire et laisse voir désormais les célèbres falaises de la côte d’Albâtre. Comme chacun sait c’est le pays des chaumières et des clos-masures et du plus célèbre des voleurs, Arsène Lupin, dont le butin, à ce qu’on dit, est toujours caché dans l’Aiguille creuse d’Étretat.

Styles

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En dehors du clos-masure et de la longère, le pays de Caux connaît, comme son voisin nordiste le pays d’Auge, des villas balnéaires aux styles variés.

le nuancier du pays de caux
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Côté Architecture

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Clos-masure

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Typique du pays de Caux, le « clos-masure » (ou masure) est une ferme qui égrène habitation et dépendances sur une vaste parcelle ceinturée par un talus de terre qui peut atteindre 2 m de haut. Curieusement appelé fossé (sans doute parce qu’il fallait creuser de part et d’autre pour le dresser), ce talus est planté d’une à deux haies de hêtres, de charmes, de chênes ou d’ormes. Clôture pour les animaux, protection contre le vent, réserve de bois… Ses fonctions sont multiples. Logis et bâtiments d’exploitation (étable, fournil, pressoir…) s’étirent le long de la cour à distance les uns des autres pour limiter les risques d’incendie. Les dépendances sont proches du chemin d’accès vers les terres labourables tandis que la maison prend place au fond de la cour ou sur l’un de ses côtés. Volonté des propriétaires de paraître, de voir venir le visiteur, de se protéger des regards extérieurs, les motivations sont variées. Dans la cour se trouvaient un verger de pommiers et une mare pour abreuver les animaux. Modernisation de l’agriculture et évolution des modes de vie entraînent hélas la disparition de cet habitat des plus originaux.

Chaumière longère

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L’habitation est une maison à pans de bois apparents souvent de plain-pied qui repose sur un soubassement maçonné. À l’inverse du manoir, elle adopte souvent la technique des bois longs. Aussi, plus longue que large, cette longère est limitée par la portée de ses poutres (4 à 5 m). On y remédiait en ajoutant une extension à mesure que les revenus le permettaient. Jadis coiffée de paille (seigle ou blé), la toiture déborde pour protéger les murs des eaux de pluie. À l’une des extrémités (orientée à l’est le plus souvent), l’avancée du toit traitée en croupe (appelée « nez de veau » ou « queue de geai »), protège un escalier extérieur donnant accès au grenier.

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Sont à bannir tous types d’enduits de ciment sur les murs ou toutes plaques de fibro-ciment, toute isolation étanche plaquée contre les murs, empêchant l’air de circuler.

Côté Rénovation

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1. Diagnostiques les désordres

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Gare à l’humidité
Qu’elle vienne du ciel ou du sol, l’humidité est l’ennemie n° 1 du bois, surtout lorsqu’elle stagne. Ainsi, sont à bannir, tous types d’enduits de ciment sur les murs ou toutes plaques de fibrociment, tout remplissage des entre-colombages avec des agglomérés ou briques pleines, toute isolation étanche plaquée contre les murs, empêchant l’air de circuler. À l’inverse, on s’interdira de retirer un essentage d’ardoise ou un bardage de bois protégeant par exemple un pignon qui n’est pas destiné à être vu. Au risque d’assister au fléchissement voire au pourrissement d’une sablière, d’un poteau ou d’une décharge. Seuls des artisans ou des entreprises spécialisées seront à même d’y remédier (remplacement de sections de chêne, pièce de raccord, fibre de verre et résine).

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2. Les façades

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L’entretien général
Même si la maison ne montre aucun désordre, il faut contrôler une fois l’an l’état de la couverture et de ses liaisons (faîtage, arêtiers, noues), des gouttières et descentes de gouttière, l’enduit à la chaux ou le badigeon protégeant la surface du hourdis de remplissage, les abords du solin pour détecter d’éventuelles remontées capillaires ou voie d’eau mal drainée… De même, on vérifiera l’état des sablières (intermédiaire et haute), qui doivent présenter un larmier, voire un auvent, facilitant l’évacuation des eaux de pluie.

Traiter le bois attaqué
On détecte et identifie les attaques des insectes xylophages suivant la dimension des trous qu’ils occasionnent (1 à 2 mm pour la vrillette, 2 à 5 mm pour le capricorne), ainsi qu’aux traces d’humidité et aux teintes variables des sciures qu’ils laissent en creusant leurs galeries. Le capricorne ne s’attaque au chêne que lorsque le bois a été dégradé par la mérule qui progresse dans l’aubier (couche superficielle) mais difficilement dans le cœur du bois. Quant à la vrillette, elle n’attaque que l’aubier. Des remèdes simples existent pour stopper leurs attaques superficielles en pulvérisant des produits fongicides et insecticides (certains utilisent même de l’eau de javel). Lorsque l’aubier devient la proie des capricornes, on racle sa surface jusqu’au bois sain avant d’appliquer une cire d’abeille. En cas d’atteinte plus sévère, il faut effectuer un sondage au poinçon pour se rendre compte de la profondeur des galeries, et si nécessaire scier la pièce pour la remplacer.

Surveiller les abords !
Penchée, déformée, gauchie… Il n’est pas rare de croiser en ville ou à la campagne une bâtisse qui a perdu tout aplomb. Si cette dernière est séculaire, il y a peu de chance que ce désordre soit lié à un défaut de construction. En revanche, des travaux publics de voirie tels le creusement d’une tranchée (enfouissement de câbles électriques, renouvellement du réseau d’eau…), le rehaussement ou la création de trottoirs, de voies goudronnées… peuvent expliquer ce déversement latéral par la déstabilisation d’un poteau d’angle, de la sablière basse ou du soubassement maçonné.

Désassemblage, faux-aplomb…
Bien que rare, la dégradation d’un assemblage (tenons, mortaises, queues d’aronde…) est souvent liée à la suppression malheureuse d’une pièce de contreventement lors de la création d’une ouverture – a fortiori lorsque le colombage destiné à être apparent a disparu sous un enduit qui fait oublier son principe constructif. Quant à l’altération des appuis de fenêtre, elle est souvent liée à leur recouvrement par des plaques de plomb ou de zinc qui emprisonnent l’humidité résiduelle. La difficulté à ouvrir une porte ou une fenêtre peut être symptomatique de désordres structurels graves. Mais n’oublions pas qu’une demeure à pans de bois – même séculaire – reste un édifice vivant sujet à de minimes déformations qui, le plus souvent, ne mettent aucunement en danger sa stabilité. Inutile de sortir cric, vérin ou tire-fort ! Rabotez avec soin les menuiseries et nivelez le plancher avec une chape sèche (granules d’égalisation et plaques de gypse et cellulose).

Côté Culture

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Histoire et géographie

Vaste plateau de craie vallonné qui s’achève en falaises, il occupe la plus grande partie de ce département rural, fluvial et maritime. Entrecoupé de vallées humides ou sèches, il est favorisé par des sols fertiles (orge, blé, maïs, colza, lin…), une large façade maritime et un climat doux humide. Maints bourgs, villages, villes et abbayes témoignent d’une démographie dense et ancienne.